NAISSANCE D'UNE VOCATION
J'ai grandi à Alger. Mes premiers professeurs de piano au conservatoire dispensaient
un enseignement empirique, uniquement axé sur les "doigts", séparant technique et interprétation, de sorte qu'à 16 ans, je me trouvais dans un état de contraction avancée et de douleur.
L'Algérie de cette époque, socialiste, entretenait des relations de coopération économique, technique et culturelle avec l'URSS. J'eus alors l'opportunité d'intégrer l'INM (Institut National Supérieur de Musique) sur concours d'entrée. Des professeurs du Conservatoire Tchaikovsky et de l'Institut Gnissine de Moscou y enseignaient. Je pus ainsi bénéficier de l'enseignement soviétique.
J'eus la chance inouie d'être dans la classe de Zlata Davidian qui entreprit patiemment, de longs mois durant, de m'enseigner le geste pianistique. Je dis "la chance inouïe" de l'avoir précisément comme professeure car elle-même, adolescente, élève d'une enseignante alitée qui ne pouvait contrôler sa gestuelle, avait été confrontée à des problèmes physiques de même nature - ceci avant d'intégrer la classe d'Alexander Goldenweiser.
De longs mois furent nécessaires à ma "rééducation", de longs mois à tâtonner, à "saisir" le poids du bras, à "détricoter" les mauvaises habitudes, à articuler deux notes sans tension, puis trois.... J'ai beaucoup pleuré durant cette période; d'abord de rage et de découragement... puis d'espoir et de reconnaissance.
Je pris dès lors pleinement conscience de l'importance du "bon geste" et appris la technique russe du piano. J'appris notamment que l'interprétation EST technique.
J'aurai plus tard d'autres professeurs de l'école russe à Alger, à Paris, à Montréal mais
c'est Zlata Davidian qui a suscité ma vocation de musicienne et de pédagogue. Ma tendresse
et ma gratitude sont immenses.
Zlata Davidian
PARCOURS
Apprendre à bien jouer du piano. Rééducation du geste et de la posture.
Myriam Hammoutène
L'AUTRE VOIE
Parallèlement à mes études artistiques, j'achevais mon Doctorat de Médecine
avec déjà la ferme intention de ne jamais exercer. La musique était ma vocation,
la médecine, l'exigence de mes parents.
En 1990, j'intégrais l'IRCAM à Paris pour y obtenir mon DEA de Musique et Musicologie du XXème siècle.
Le cursus proposé par l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (en association avec l'ENS et le CNRS) était innovant: il regroupait des étudiants à la fois scientifiques et musiciens. J'y étais le seul médecin.
Mon directeur de Mémoire, le compositeur et philosophe Hugues Dufourt me permit d'affiner mes choix professionnels en m'encourageant dans la rédaction de mon mémoire de Neuro-Physiologie de la Musique: "Les fondements organiques et procéduraux de la perception de la musique".
Par la suite, mes séances de travail avec Robert Zatorre, Neuroscientifique Cognitif à l'Université MacGill de Montreal et avec Isabelle Peretz, Neuropsychologue de la Cognition Musicale à l'Université de Montréal ont été déterminantes. Cette collaboration me fit accéder au vaste monde de la recherche en Cognition Musicale et au champ des possibles en matière de Plasticité Cérébrale.
Mon intérêt pour les pathologies de la pratique instrumentale (TMSN Troubles Musculo-squelettiques et Neurologiques) et leur prévention s'est aiguisé au fil du temps et de mes recherches. Ma rencontre en 1998 avec Médecine des Arts, Philippe Chamagne et Dr André-François Arcier, m'a conforté dans l'idée que c'est par la pédagogie qu'il faut prévenir et le cas échéant réparer le geste.
C'est ainsi que j'ai créé l'EMIC® (Ergomotricité du Musicien-Instrumentiste et du Chanteur), aboutissant à ma propre méthode d'enseignement et de rééducation.